S’extraire du bruit, du buzz, du scroll et soigner son cerveau
L’année 2022, comme chaque nouvelle année, draine son lot de bonnes résolutions : être plus attentif·ve à… s’écouter davantage… se concentrer sur… faire plus de… prendre le temps de… Et puis le flux, le bruit, le buzz, le scroll petit à petit regagne du terrain, s’empare de notre temps, jusqu’à l’assécher.
Alors, comment faire pour évacuer ce bruit qui nous entoure, celui que l’on fabrique, celui auquel on participe ? Comment rompre avec les suceurs de l’attention une fois pour toute, faire taire l’Insta qui sommeille en chacun de nos smartphones ?
Pour le neuroscientifique Michel Le Van Quyen, il n’y a qu’une solution : se nourrir de silence, mettre le cerveau au repos, réduire la surcharge cognitive. Faire « Reset ». Pour la chercheuse Maiken Nedergaard, il est impératif de nettoyer notre cerveau de ses toxines, grâce au sommeil ou à un environnement calme. Une tisane, pas Netflix !
Or le silence est une espèce en voie de disparition et les cartographes du sonore ne cessent de nous alerter : les endroits au monde qui échappent au bruit se raréfient. Selon le bioacousticien Gordon Hempton, sur notre planète, seule une cinquantaine d’espaces naturels serait à l’abri des bruits de l’activité humaine. Et comme aucun de ces endroits ne figure en France, merci de ne pas prendre l’avion pour rejoindre ces ultimes sanctuaires du silence, à l’instar de la forêt tropicale Hoh, située dans le parc national Olympic, aux États-Unis. Parce que le transport aérien n’est pas seulement un désastre pour le bilan carbone, c’est aussi une plaie pour l’écologie… sonore.
En France, on n’a pas de silence mais on a peut-être des idées. Outre la méditation, le yoga ou la respiration lente et profonde, pourquoi ne pas soigner le mal (le bruit) par le son ou la musique ? Pourquoi ne pas se laisser tenter par une thérapie sonore, un bain d’ASMR, ou bien l’écoute des 4’33 de John Cage en boucle, dans la salle Pierre Boulez de la Philharmonie ? Après tout, voir un spectacle (réussi), lire un livre (prenant), s’immerger dans une œuvre musicale (captivante), peuvent être des remparts solides contre les push, les alertes et autres notifications. L’avantage de la salle de spectacle n’est pas négligeable : les smartphones sont conviés à se mettre en mode… avion.
Un autre mur anti-bruit est aussi particulièrement efficace : il s’appuie sur la connaissance, l’apprentissage, le savoir. Sa construction nécessite beaucoup de patience et de concentration. Une fois bâti par contre, il peut être réellement protecteur, une bulle épaisse, même face au plus puissant des GAFAM.
Pour ce faire, La Pop, en 2022, s’est entourée d’un solide comité scientifique : une trentaine de chercheuses et chercheurs, de toutes disciplines, l’a rejoint pour lui permettre de construire des fondations robustes et faire que la musique et les sons nous éloignent fortement du bruit de fond.