POURQUOI LA CRÉATION ?
Cette question, dont la résonance biblique peut prêter à sourire et la formulation scolaire rappeler à certain.e.s des souvenirs de terminale, se pose aujourd’hui avec force.
Aux artistes, dont le travail, qui repose sur le désir (de reconnaissance, de transcendance…) et l’énergie vitale, s’étiole.
Aux acteurs culturels, dont l’arrêt forcé de l’activité interroge sa nécessité.
Aux différents secteurs économiques – tourisme, restauration, hôtellerie, transport, luxe, style… – qui profitent habituellement de son dynamisme et de ses retombées.
Certes, comme ce fut le cas à La Pop, les équipes artistiques ont pu poursuivre leur projet en multipliant les résidences de création. Et à vrai dire, les acteurs culturels n’ont pas non plus franchement chômé : le « faire et défaire, c’est toujours travailler » n’a jamais été aussi vrai. Mais tous demeurent confrontés à une interrogation abyssale : quel sens a pour un artiste de réaliser une oeuvre quand son public potentiel lui est interdit ? Celle-ci a-t-elle une raison d’être si elle échappe aux regards, aux oreilles, aux sens, à l’interprétation et au questionnement ?
Et dans ce cas, pour rester sur le registre philosophique, pourquoi ajouter quelque chose à l’existant ? Pourquoi dépenser de l’énergie – et donc potentiellement nuire à la planète et à celles et ceux qui vivent dessus – si, dans le meilleur des cas, l’oeuvre sert, comme ce fut le cas avec le Portrait du docteur Rey de Van Gogh, à boucher un trou dans un poulailler ?
Tentons une réponse. Disons par exemple que les oeuvres sont un peu comme des enfants. Ce sont des êtres éminemment fragiles qui, suivant leur cadre familial et social, grandissent avec plus ou moins de facilité, tout comme elles sont le fruit du désir et/ou de la nécessité.
Or, jusqu’à ce jour, jamais personne n’a convaincu l’humanité de faire une pause, un break, dans son activité de reproduction. De même, le flux des oeuvres ne peut être endigué. Créer est un besoin vital, même s’il faut pour cela se plier en quatre au fond de la grotte de Lascaux ou de Pech- Merle. Ou même si cela doit se faire entre les quatre murs d’une cellule comme y ont été confrontés Varlam Chalamov, le Marquis de Sade, ou Erwin Schulhoff.
Toutes les oeuvres ne sont pas sublimes, toutes ne bouleversent pas les cadres de pensée et les représentations, mais toutes, à travers les corps du public, méritent d’exister.
Olivier Michel, directeur de La Pop
Les Pop Conf’ sont des rendez-vous qui réunissent artistes et chercheur.se.s autour d’une question a priori banale, qui concerne tout le monde, mais dont la réponse est loin d’être évidente. Durant un peu plus d’une heure, les intervenant.e.s explorent une thématique en lien avec l’enjeu de La Pop : interroger les relations que les individu.e.s, les groupes ou la société entretiennent avec les sons et la musique.
Animés par le musicien, journaliste et auteur Antoine Pecqueur, ces rendez-vous ne traitent jamais de sujets réservés aux spécialistes, mais de questions par essence pluridisciplinaires qui nous concernent toutes et tous. Espaces de rencontres et de recherches, les Pop Conf’ réunissent des regards complémentaires et permettent aux idées de naître, circuler et de résonner !
Toutes les Pop Conf’ sont également diffusées en direct sur la page Facebook de La Pop.
Lundi 22 mars – 19h – En direct sur notre page Facebook